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Covid-19 et assurance annulation : une couverture aussi rare que chère

Affaires - Assurance
14/05/2020
Rares sont les assureurs qui proposent de couvrir l’annulation des événements sportifs et culturels en cas d’épidémie. En cause, la rareté et la cherté d’une telle couverture. 
 
Alors même que les premières mesures de déconfinement sont entrées en vigueur, nombreux sont encore les secteurs économiques pour lesquels la sortie de la crise n’est pas à l’ordre du jour. Sont tout autant nombreuses les dissonances entre ces secteurs et leurs assureurs.

Outre les PME et les ETI – notamment les commerces - durement touchés par leur fermeture imposée, deux autres secteurs accusent des pertes substantielles : ceux des évènements sportifs et culturels.

Si, pour les commerces, la pierre d’achoppement est l’absence de la prise en compte des pertes d’exploitation par les assureurs, pour les organisateurs des événement sportifs et culturels, c’est plutôt les termes de leur assurance annulation qui déclenchent la colère.

Comme son nom l’indique, cette assurance, souvent proposée en tant qu’une extension des garanties de base, vise à prémunir l’assuré contre l’annulation d’un événement futur, tel qu’un tournoi ou un festival.

C’est précisément dans cette situation que se sont retrouvés les organisateurs de Hellfest, un festival de musique extrême, dont l’annulation a fait grand bruit. En cause, le refus de l’asssureur Albingia d’indemniser les organisateurs des pertes liées à son annulation. Pour rappel, ce festival a accueilli l’année dernière environ 180 000 personnes pour 28 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le montant de la prime d’assurance s’élève à 170 000 euros, somme déboursée chaque année par les organisateurs depuis 2010.

Le contrat d’assurance ayant a priori exclu les pneumonies atypiques et les pandémies reconnues par les autorités françaises ou par l’OMS, Albingia a cru de bon droit pouvoir refuser l’indemnisation des pertes consécutives à la non-tenue du festival. Or, ledit contrat précise ensuite que l’indemnisation est due dès lors que le contrat a été souscrit avant la reconnaissance officielle de la pandémie, ce qui était le cas. Les avocats se sont saisis de l’affaire. Il est fort probable que la tâche d’interpréter le contrat reposera sur les épaules des magistrats.

Mais il existe également des contrexemples. Comme celui de l’annulation du tournoi de Wimbledon, prévu initialement fin juin – début juillet 2020. Ses organisateurs ont souscrit une assurance dont le montant des primes s’élevait à 1,8 millions d’euros par an et dont la couverture des risques pandémiques ne prêtait guère à discussion. Ainsi, l’assureur va devoir débourser 141 millions d’euros, soit la moitié du chiffre d’affaires du tournoi annulé.

Il n’en reste pas moins que la crise actuelle a non seulement mis en exergue la nécessité de couverture assurantielle des risques sportifs et culturels mais aussi des obstacles à ce que cette couverture se généralise. La première difficulté est liée à l’offre d’une telle assurance par les assureurs, qui ne sont pas tous aptes à assumer un tel risque financier. De cette première difficulté découle la seconde : même si la couverture existe, elle demeure très chère.

À l’instar des problèmes posées par l’assurance pertes d’exploitation et l’intervention nécessaire du gouvernement dans leur résolution, le manque de couverture des évènements sportifs et culturels doit devenir une préoccupation d’ordre publique. À défaut, c’est la vie culturelle et sportive de la France qui risque d’en pâtir.  
 
Source : Actualités du droit